Episode 4 : Pas d'avenir et un fonctionnement lourdissime!

Publié le par Sen

La vérité sur ma belle mission de développement culturel en milieu rural, les difficultés du quotidien et un mur en guise d'avenir.

Et puis en janvier 2005 une préoccupation nouvelle, envahissante et oppressante, s’est peu à peu installée dans mon esprit : mon contrat se terminait au 31 décembre 2005. Il me restait donc 1 an, sans aucune certitude sur d’éventuelles suites qui seraient données à mon poste. Un emploi-jeune ça ne coûte rien. C’est l’Etat et la Région qui financent mon salaire. Mais qu’en serait-il s’il fallait que mon véritable employeur me paye vraiment ? J’ai des doutes. Fin mars, je me décide à en parler au Président, il faut que je sache. Si je suis sure de ne pas rester, autant rechercher du travail ailleurs dès maintenant, surtout vu la difficulté à trouver du travail dans le secteur culturel. A cette époque, je me disais même que vu les satisfactions que j’ai retirées à travailler dans cette structure, je n’aurais aucun scrupule à la quitter prématurément, je serais même très heureuse si je pouvais tous les planter avant la prochaine édition de la manifestation, ça mettrait bien tout le monde dans la merde. Mais ils n’auraient qu’à demander à Stéphanie D. de finir le travail, elle qui sait toujours mieux que les autres ce qu’il faut faire !

 Le Président ne l’a pas dit complètement ouvertement mais j’ai bien compris qu’effectivement je n’avais plus beaucoup d’avenir ici.

 Ma collectivité est de toutes façons appelée à disparaître au bénéfice de la construction d’un Pays Voynet, plus grand. La manifestation sur laquelle je bosse est en dernière année de programmation dans les financements, dont 40% sont assurés par le FEDER, un fonds européen, qui tend à diminuer. Concrètement, il y aurait moins d’argent et plus de structure porteuse légitime au niveau de l’intercommunalité. En effet, cette collectivité est décidément une drôle de structure. Elle n’a été créée que dans un seul but : pouvoir toucher des financements du Conseil Régional dont les critères d’attribution de subvention exigeaient qu’un territoire soit composé d’au moins deux cantons et d’un certain seuil d’habitants, ce qui n’était pas le cas de toutes les communautés de communes. La solution trouvée fut donc celle-ci : 3 communautés de communes se sont réunies autour d’une structure commune, ont rédigé un soi-disant projet commun de développement de territoire bidon et cette nouvelle collectivité a servi de réceptacle à subventions et d’instructeur de dossiers. Voilà qui explique que la structure n’ait rien en propre, même pas ses employés. J’ai même mieux : en belle coquille vide, la structure n’a donc jamais eu de fonds propres non plus, ni de trésorerie. Cela avait pour conséquence de générer régulièrement des problèmes pour régler les factures car il fallait d’abord avancer l’argent pour pouvoir ensuite toucher les subventions correspondantes sur présentation des factures acquittées. Un fonctionnement improbable…

 … et un poste improbable lui aussi. Voici un point que je n’ai pas encore développé et qui mérite pourtant de l’être. J’ai été soi-disant « chargée de développement de la lecture publique ». Ce que je n’ai pas dit tout de suite, c’est que ce merveilleux poste en emploi-jeune a été créé à temps complet sur ma collectivité en janvier 2000 sous un autre intitulé, correspondant à l’époque aux orientations d’un projet-usine-à-gaz que l’on s’est dépêché d’enterrer par la suite. Quand j’ai pris mes fonctions sur ce poste, il avait évolué.

 

Entre-temps, un autre emploi-jeune basé sur une autre structure de développement culturel local, était arrivé à terme. Or, cette structure communale était depuis quelques années en pleine expansion et se professionnalisait, s’étant doté notamment d’un directeur. Il était hors de question qu’une personne seule assume tout ce travail, d’autant plus que le directeur de l’époque ne possédait pas toutes les compétences requises pour tous les aspects du travail (notamment une sensibilité littéraire) et s’en défendait. L’emploi-jeune s’occupait donc de toute cette partie et assurait une programmation littéraire, le choix et le contact d’auteurs, etc… Alors, quelle solution a été trouvée d’après vous pour pallier ce manque ? Et bien on a « coupé » en 2 l’emploi-jeune intercommunal pour le mettre à disposition de cette structure communale à mi-temps, en renommant son poste avec un intitulé plus approprié, histoire que ça sonne un peu plus littéraire, en se disant probablement qu’on réfléchirait à une vraie solution durable plus tard… Comme d’habitude. Je partageais donc mon temps entre la maison intercommunale et un petit village de 200 habitants, 25 kilomètres plus loin. Comme il est pratique de travailler à deux endroits différents sur deux choses qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre et à raison de moitiés de semaines! J’ai eu l’occasion d’en apprécier les agréments…

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